Un article écrit à 4 mains, avec Hehoa, pour te donner deux points de vue différents de cette expérience. Le récit d’Hehoa sera en vert, et celui de Caroline en violet.

Ce n’est pas notre première expérience d’état modifié de conscience, qui sont des voyages que nous avons l’habitude de faire! Rêves lucides, plantes chamaniques, etc…

Ci-contre, le récit de notre expérience d’Ayahuasca et Huachuma… (hyper intense!)

 

– Hey, tu veux participer au prochain Temazcal
– Euh… Oui avec plaisir. C’est quoi ? Un truc des étoiles ?
– TE. MAZ. CAL, pas thème astral. Donc rien à voir avec les étoiles mais tout avoir avec les huttes de sudation.
– Ah oui, bien sûr ! OK avec encore plus de plaisir.

Ça ressemble plus ou moins à la conversation que j’ai avec Marisol, thérapeute chamane, que j’ai eu la chance de rencontrer au salon des arts vibratoires.
Elle m’invite et je suis pleine de gratitude.

C’est quoi un Temazcal?
C’est quoi une hutte de sudation ?
Simple, c’est une hutte et tu sues dedans. Voilà.

J’en avais déjà entendu parlé mais je n’avais encore jamais eu l’opportunité d’y participer.
C’est une cérémonie de purification et de guérison conduite par un.e chaman.e qui se déroule dans une petite hutte complètement obscure et où l’on place au centre des pierres chauffées au rouge dans un feu et sur lesquelles on va jeter de l’eau. Cette tradition remonte à des temps immémoriaux, perpétuée par les peuples natifs d’Amérique du Nort et centrale.

Et nous allons te raconter notre expérience.

Nous serons accompagnées dans ce rituel par Chimalma et Adali qui arrivent du Mexique pour l’occasion. 

Une hutte pour le féminin sacré

Avant d’entrer dans la hutte, je nettoie mon champ énergétique à la fumée de copal puis je me prosterne en récitant la formule transmise par Chimalma : “Por todas mis relaciones”.

“Pour toutes mes relations” – Car cette cérémonie, c’est une offrande pour tout ce à quoi nous sommes liées : toutes les parts de nous, nos pères et nos mères, nos amis, nos familles, nos ancêtres, la Terre, les animaux, le Ciel, la Lune, le Soleil et les Étoiles.

J’entre par la gauche, je fais le tour du trou central à quatre pattes et je m’installe à la droite de Chimalma. Puis je regarde les autres entrer tour à tour.

La hutte de sudation est en lien avec les 4 éléments : le feu, la terre, l’air et l’eau, qui sont représentés par les pierres de laves brûlantes, le sol, le seau contenant l’eau de la rivière et l’air que nous respirons. 

Alors que de l’extérieur la hutte me semblait minuscule, je suis étonnée de me sentir à l’aise et avec de la place une fois assise à l’intérieur. Mon appréhension laisse la place à la sérénité et au bien-être d’être assise à même la Terre qui m’offre sa fraîcheur. 

Le jour de Marie-Madeleine

La chamane prend le temps de nous souhaiter la bienvenue et de nous expliquer le déroulé de la cérémonie. Elle va ouvrir les 4 portes, une pour chaque direction. Et à chaque ouverture de porte, des pierres seront ajouter au centre la hutte.

Normalement, il en y en a 7 par porte. Aujourd’hui, avec la canicule de l’été et une majorité de participantes pour qui c’est une première, elle a décidé de faire différemment. Au total, il y aura donc 22 pierres au lieu des 28. Nous sommes le 22 juillet, c’est jour de Marie Madeleine et nous sommes venues célébrer le féminin sacré dont le nombre est le 2, alors c’est parfait.
La hutte symbolise comme le ventre d’une mère.

 J’apprends par la même occasion que le 22 juillet est le jour de Marie-Madeleine 😉

La hutte de sudation : la porte de l’Est

 

Nous commençons par la porte de l’Est, la porte du père, du feu, du masculin sacré, du Soleil.
Le gardien du feu, Adali, annonce la première pierre “Abuelita”
La chamane l’accueille : “Bienvenida abuelita” et la marque au copal avant de la placer au centre.
Elle nous explique que chaque pierre est appelée Grand-mère car étant vieille de plusieurs centaines de milliers d’années, elle renferme toute la sagesse de la terre.

Puis une deuxième pierre arrive.
– Abuelita.
– Bienvenida Abuelita.

Et ainsi de suite, jusqu’à ce que les 7 premières pierres soient placées au centre de la hutte.
Puis il amène un seau rempli d’eau avec des herbes qui servira à asperger les pierres.
Il entre pour s’asseoir à sa place et la chamane annonce “Puerta”. Il ferme alors la porte et le noir complet se fait dans la hutte. Je prends le temps de regarder tout autour de moi. Je ne vois que du noir, sauf au centre où je distingue seulement une faible lueur rouge provenant des pierres. Puis je ferme les yeux.
La chamane entonne un premier chant accompagné du son du tambour. Elle nous demande d’annoncer à voix haute le nom de notre père.
Pendant un instant, j’hésite. Mais ensuite, c’est évident. J’annonce Richard, mon père adoptif et j’annonce Long, mon père biologique.
Je ressens d’abord de la colère. J’ai chaud. Je me demande ce que je fous là, à crever de chaud dans le noir. Et j’essaie de me concentrer sur les chants qui se succèdent alors qu’à chaque fois que la chamane rajoute de l’eau sur les pierres, une vague de chaleur emplit la hutte. Je sens la sueur ruisseler sur ma peau et finalement, je lâche prise.

Lorsque le noir se fait je me concentre sur ma respiration en prévention de ne pas supporter la chaleur. Je suis assise en tailleur et une douleur lancinante que je traîne depuis plusieurs jours au trapèze gauche prends toute la place dans mon corps et mon esprit. Je me vois résister pour rester droite. Ne pas m’allonger tant que je supporte la chaleur. J’ai mal. Mon mental tourne à 100 à l’heure dans cette lutte entre mon esprit et mon corps. J’observe mon besoin de perfection face au regard des autres. Mon besoin de me montrer forte et ne surtout pas faire voir que c’est difficile. Surtout que cela ne l’est pas au niveau de la chaleur; je ne veux pas que les autres aient une fausse idée de moi. Ô comme je me reconnais dans la vie de tous les jours. 

Enfin Adali ouvre la porte. La lumière et l’air frais pénètrent dans la hutte.

J’ouvre les yeux. Je vois les autres femmes, elles aussi en sueur, certaines couvertes de terre et d’herbe. Je devine qu’elles se sont allongées sur la terre lorsque la chaleur était trop intense.

La hutte de sudation : la porte de l’Ouest

 

La chamane nous explique la deuxième porte, c’est celle de l’Ouest, de la mère, de la terre, de la nuit, de la lune.

Cinq abuelitas font leur entrée. Pour chaque pierre, la chamane nous invite à énoncer un souhait, une prière, une pensée pour un être cher.
La dernière abuelita en place, la porte se referme. Les chants reprennent.

Chimalma nous demande le nom de notre père et de notre mère.
J’ai envie de pleurer. Je sens quelques larmes se mélanger aux gouttes de transpiration.
La tristesse me quitte pour laisser la place au besoin de chanter alors je suis la chamane.

Me rendant compte de ma lutte intérieure je choisis de m’allonger sur le dos pour me donner du répit par rapport à ma douleur. Cela m’aide à mieux recevoir les énergies de cette porte. J’ai envie de chanter et de danser. Je m’imagine être debout à danser en nature au rythme des chants sacrés. Je ressens énormément de joie. La chaleur est forte et j’aime ça. De temps en temps quand Chimalma jette de l’eau sur les pierres je reçois des gouttes rafraîchissantes avec délectation. Je me sens particulièrement bien dans cet endroit. 

La porte s’ouvre à nouveau.

Mon T-shirt est détrempé et me colle à la peau. Plusieurs des femmes, allongées à même la terre, se sont délestées de leurs vêtements. Certaines se redressent péniblement. D’autres ont les yeux rougis d’autres ont un visage extatique. Je me tourne sur la gauche et Caroline me sourit.

La hutte de sudation : la porte du Nord

 

Troisième porte, porte du Nord, des ancêtres, des lignées, de l’air, de la connaissance. Cinq nouvelles abuelitas, cinq autres prières et la porte se referme.

La chaleur est intense, encore plus intense que lors des portes précédentes. Une violente douleur entre les deux omoplates m’oblige à me redresser complètement, le dos bien droit, le coeur grand ouvert et la tête le plus haut possible, là où il fait le plus chaud.
J’ai besoin de prendre de grandes et profondes inspirations. J’inspire par le nez, je souffle par la bouche. Et puis, je quitte la chaleur brûlante en m’allongeant sur le dos. Mais je ressens qu’il faut que je lève les mains et la jambe gauche, des zones qui me font souffrir depuis plusieurs jours, mois ?

La porte s’ouvre encore une fois. Une des participantes s’extrait de la hutte, elle se sent mal. Chimalma demande à Adali d’ouvrir également la porte de derrière. La température tombe en flèche. Je remarque une araignée qui se balance inerte au bout de son fil. Elle a sûrement eu un coup de chaud.

On fait une pause un peu plus longue que les autres. La chamane nous rappelle qu’il ne sert à rien de se faire du mal. Avec de la douceur, on peut obtenir un résultat tout aussi intéressant. C’est la force du féminin.

La porte des ancêtres est annoncée comme la plus chaude par une autre participante. Je pense à ma grand-mère. Et à toutes celles que je ne connais pas de mes ancêtres. Le rythme des chants de Chimalma s’intensifie. J’ai toujours autant envie de bouger et de danser. Je ne peux pas me lever dans la hutte alors je tape le rythme avec mes pieds et je ressens cette vibration dans tout mon corps. Comme mes genoux sont levés c’est à cet endroit que je ressens l’intensité de la chaleur. Le corps au sol, directement sur la Terre, je reçois sa fraîcheur et son soutien. C’est agréable et reposant. 

Lorsque les portes s’ouvrent, je me redresse, comme à chaque fois, pour accueillir les nouvelles pierres. Je me sens bien et en joie. 

La hutte de sudation : la porte du Sud

 

Puis les cinq dernières abuelitas font leur entrée et nous les accueillons cette fois-ci avec un chant.

C’est la dernière porte, celle de l’enfant, du sud, de l’eau, des projets.
Je ne cherche plus à me forcer, à être droite. Je m’allonge d’abord sur le dos mais c’est inconfortable. Alors je me tourne sur le côté pour adopter une position fœtale. Je me sens bien. Chimalma nous emmène à la rencontre de notre enfant intérieur.

Je vois une petite fille avec une coupe de cheveux style playmobil, occupée à dessiner sur une table basse. Je lui demande si elle a besoin de quelque chose. Elle dit simplement de ramener plus de couleurs. C’est drôle car je n’ai aucun souvenir de mon enfance où j’ai aimé dessiner ou colorier. J’essaie de voir ce que que la petite Hehoa dessine mais impossible. Sur l’invitation de la chamane, je la prends ensuite dans les bras, la déposant en appui sur ma hanche droite. Cela me ramène à l’image de ma mère qui, elle-même, me portait ainsi. Je deviens ma propre mère. C’est apaisant.

Oh quelle joie de retrouver mon enfant intérieur. Elle danse et elle dessine. Ensemble on mange de la glace au caramel avec de la chantilly 😉 Je la rejoins en tant qu’adulte, nous sommes toutes les deux habillées en blanc avec une couronne de fleurs dans les cheveux et nous dansons en riant aux éclats. Elle veut s’amuser même quand nous devons être sérieure et m’assure que nous pouvons être les deux à la fois. Son énergie se place dans mon ventre et je lui promets de lui rendre visite régulièrement. 

La porte s’ouvre. Chimalma m’invite à sortir et avant, à me prosterner comme pour demander au monde d’accueillir ma renaissance. Je sors à quatre pattes et m’allonge quelques instants dans l’herbe fraîche, toujours ancrée à la terre. Après quelques minutes, je me dirige vers le ruisseau en contre-bas. Je m’immerge dans l’eau fraîche. C’est incroyable. Je me sens vivante.

J’étais bien dans la chaleur de la hutte… j’hésite à entrer dans la rivière. Allez j’y vais et je me glisse doucement dans l’eau froide. Adali m’asperge le dos puissamment et c’est aussi agréable, joyeux qu’inattendu et frais 😉 Je suis un peu groggy une fois remontée et changée. J’ai envie de me poser pour infuser tous les bienfaits de ces moments que je ne nomme pas encore. 

La hutte de sudation – en bref

✨ C’est un rituel puissant et doux à la fois, de reliance à soi, aux autres, aux éléments. Au masculin, au féminin et à l’équilibre entre les deux, en soi.

✨ L’accompagnement avec les chamanes mexicains est différent de ce que nous avons l’habitude en Europe. Le rituel se fait dans la hutte. Après, c’est terminé. Un peu frustrant de ne pas pouvoir en parler ensuite. Et en même temps, n’est-ce pas une magnifique opportunité d’être connectées à son autorité intérieure?

✨ C’est un rituel qui nous vient des amerindiens, de la tribu Lakota (avec une hutte qui se monte et se démonte facilement en bois et couvertures) – toutefois il existait déjà et aussi chez les celtes et j’aime savoir que c’est également en lien avec la culture de nos terres.

Cette hutte a été rendue possible par l’organisation de Marysol et Charlene, à Saint-Jean de Tholome (74), et a été guidée par Chimalma.